I have nothing, J + 2
Et voilà, j'y suis. Brisbane, destination finale et/ou première de mon exil. Il faudrait que je dise comment je me sens maintenant. En fait, la coutume des voyageurs voudrait que je sois heureux, exité, gonflé à bloc mais je viens juste de réaliser ma condition. Tout à coup déporté à 20 000 km, sans repère (après deux jours très agréables avec Nelson à Singapore mais "de facto" rassurants), j'ai attendu la sensation d'euphorie provoquée généralement par la liberté, du moins sa sensation factice, qui m'est chère. Rien n'est venu, rien ne viendra. Quelle horreur, l'âge adulte m'aurait-il atteint ? Comme ça, sans prévenir ? Quoiqu'il en soit je ferai et j'ai déjà fait sans. Petite parenthèse pour ceux qui ne connaîtrait pas le blogueur que je suis ; ce blog est et sera, comme mon dernier, complètement égocentrique bien sûr avec une pointe de narcissisme ou de fausse modestie, c'est selon. Je mets à bas la vantardise et ne parlerai pas du sunshine omniprésent et du chiffre de dégré celsius dont j'avais oublié l'existence. Je mets à mort les description à tendance objectives ou même subjectives et je n'écrierai pas que les taxis sont de telle couleur ou que les gens, hélas, portent des "crocs" ici aussi. Sauf et seulement si l'un ou l'autre jouent sur mes états d'âme, seul raison et raisons d'être de mes envies bloguestes. La condition d'exilé est une nouvelle sensation que je ne connaissais pas. A comparer aux autres sensations ressenties en tant qu'étranger, celle du touriste solitaire est éphémère et de court terme mais est celle qui s'en rapproche le plus. Car le pélerin a une légitimité et une pointe de bravoure dans sa traversée des chemins, le volontaire de chantier a une fierté dans la pseudo ridicule aide qu'il apporte à un endroit. L'exilé, lui, n'a rien au commencement, ne compte pas, pour rien ni pour personne. Rien. Et qui plus est, "plus rien" pour celui que je suis. Et aucun objectif non plus. I Have nothing. Sensation pas si agréable que ça hier. J'ai préféré dormir et me plonger dans l'observation. J'en enviais presque ces gens qui couraient dans tous les sens partout dehors car je ne sais pas ce qu'ils avaient mais ils savaient où ils allaient. Et puis aujourd'hui, levé à 6h, vistite de la ville, bien-être. Je me suis dit que, paradoxalement, la réussite de mon exil tiendra peut-être (je dis bien peut-être) au fait que je n'ai pas "prévu" mon arrivée. Ainsi, la découverte de l'exilé est et sera grande mais sans grande déception. Ainsi, je ne m'attendais pas, entre autres, à voir des Kiwis (sortes de dindons à long bec) à la place des pigeons partout ou à ce qu'une dame de la ville m'offre un cendrier portable quand je fumais sur un banc, me répértorie et me demande, en échange du cadeau, de prêter serment à ne jamais jeter un mégot par terre. Ainsi je ne m'attendais pas, non plus, déjà, à voir mes premiers kangourous...
Quellie et Kan'ddy