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L'Exil, N Oz Exil

26 avril 2010

You'll see...

Quand j'étais un causasien accepté à Singapore, un frenchy en Australie, je fut un farang stupide à Bangkok, j'ai été un gaijin - intru- au Japon et même sûrement un enculé de western guy à Pekin dont je n'ai vu que l'aérport. Contrairement à mes attentes, l'inspiration ne m'est pas venu à Bangkok, que ce soit dans l'écriture ou même dans mon chemin de vie. Je me suis laissé vivre dans la capitale thaïlandaise. Il était trop difficile de se débarrasser de la culpabilité - fausse ou vraie compassion, je ne sais pas, je n'ai plus d'estime de mes ressentiments - d'être un farang justement, un occidental dans un pays "du Sud". On ne choisit pas vraiment toujours où on va, même quand on en arrive à un point d'émancipation comme le mien. Le globtrotting a ses limites aussi. Concrètement car le 11 septembre a sûrement tué toute forme d'improvistion dans les voyages grande distance (il faut savoir quand et où on part avant même d'arriver) et l'égoïsme omniprésent du voyageur le limite spirituellement. Alors l'inspiration a attendu. Je me suis perdu en chemin, forcément. Et puis c'est revenu, un peu, la culture appelle la culture, comme m'avait écrit sur une copie d'Histoire une prof de lycée éclairée. Et surtout, je...

- Et la loose appelle la loose !

Tiens, je connais cette voix...

(http://noschemins.canalblog.com/archives/chemin_faisant/index.html)

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Mais enfin, c'est quoi ça ! C'est quoi ces moments, c'est quoi cet état de ces dernières semaines ! Quelle honte, quelle honte ! Quelle déception !

- Ta gueule. Je n'ai pas envie là, pas envie. Je sais tout ça. Je sais que je me suis manqué un peu trop et que je n'ai pas assez cherché. Mais, ...

- Pas assez cherché ? Mais tu as abandoné ! J'étais à deux doigts de te haïr, j'ai passé ces derniers jours les yeux bandés tant je voulais éviter de partir loin de toi, tu peux me remercier d'avoir pris la peine - car j'en ai pour toi - de revenir.

- ...

- Mais putain tu avais un an, UN AN ! Un an pour t'améliorer, un an pour comprendre, un an ! Il y a des gens qui t'attendent là-bas, qui attendent des réponses, des actes ! Toi tu en es où ? Tu as rempli au rabais tes objectifs, tu t'es remis à ne plus vouloir te lever le matin, à rester sur tes mêmes faiblesses, tes mêmes reflexes !

- Tu ne m'as pas beaucoup aidé.

- Je t'ai mis sur le chemin de tes rêves d'adolescent râté enfin ! Le Japon bien sûr. Mais tu as la mémoire courte. Quand, dans tes 16 ans morbides, tu pensais que l'herbe était plus verte ailleurs, tu n'as pas eu que des envies japonisantes. L'Australie, Sydney faisait aussi parti de tes "plans", la Californie aussi, de par l'éloignement, de par ton seul lien à une vie sociale rêvée : les feuilletons télévisés...

- C'est vrai, c'est vrai, je ne m'en souvenais plus... Je ne m'en souvenais plus... Alors, tu avais déjà tout tracé. Mon libre arbitre est peu de chose...

- Détrompe-toi. La preuve : Il y a eu des lueurs mais tu n'as pas suivi. Tant pis pour toi ! Mais combien de temps, de semaines, de mois gâchés, hein, combien de ressources utilisées pour ce piètre résultat, si on peut même envisager d'y voir un quelconque résultat !

- J'aurai pu tout saisir, j'aurai pu aller plus loin et tu sais bien comment. Pourquoi m'avoir fait encore apprendre l'humilité amoureuse, la dévalorisation et le masochisme. Pourquoi ? Pourquoi si tu voulais que je m'améliore ?

- A ton avis ?

- Pour que je dépasse tout ça certainement. Mais c'est trop dur. J'ai presque envie de te dire au revoir à jamais. Mais...

- Mais ?

- Tu n'as rien remarqué ?

- J'en ai trop vu surtout.

- Je me suis laissé repousser la moustache.

- Quoi ! ? En quel honneur ?

- De la rédemption. J'ai passé 15 jours rédemptoirs à me traîner dans la boue d'une rizière sur une petit île du Japon. J'ai ressenti à nouveau le bonheur d'un bain chaud, du travail physique et du bon repas qui s'en suit... J'ai essayé à nouveau d'écouter les autres avant d'avoir envie de parler. J'étais homme, aussi. J'étais toi, celui-là, tu n'avais pas les yeux bandés, tu étais juste en moi ces 15 derniers jours. C'est ce que je voulais te dire depuis le début. Je n'ai pas abondonné. Je retrouve, jour après jour, mon chemin. Je pensais que tu étais revenu pour ça, pour m'encourager.

- ...

- Tu es revenu pourquoi alors ? Pour me prévenir ? Je me suis fait violence tout seul. Ne soit pas trop rude avec moi, je le suis déjà bien assez.

- Ok, tu m'as bien eu, bravo. Dernier repis.

- Et j'imagine que je vais devoir publier ça sur mon blog à l'agonie depuis mon hiver à Perth ?

- Un jour d'il y a 3 ans tu avais décidé de te mettre vraiment à nu face aux autres pour en faire l'expérience. Car quand on doute de tout tout le temps, l'impudeur est presque une logique. En ces moments lointains, je te trouvais au moins intéressant...

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9 novembre 2009

Je cherche encore / Double Jeu, J + peu importe

J'ai raté mon hiver à Perth.

J'avais préparé des tas de phrases explicatives, même une vidéo que j'aurai appelé "Back to Perth" mettant en scène mon clown mélancolique. Mais je suis déjà loin de tout ça. Et sûrement pas encore assez loin pour en conclure quoique ce soit. A la place, et pour clore définitivement ce blog - car l'échec est toujours suivi d'une cassure symbolique - je nous laisse à cette chanson qui est simplement mon choix de vie, si tant est que le choix fut vraiment un jour. Je n'ai pas le génie de l'écriture musicale comme un autre Damien - Saez -, alors je le laisse chanter à la place d'une sempiternelle complainte de l'exilé qui ne ne me va plus. La petite vidéo qui accompagne la chanson (et non l'inverse) a été concoctée à la va-vite. Elle joue chronologiquement ma traversée de l'Australie de Perth à Sydney en 4 jours de train. De l'océan Indien à l'océan Pacifique, d'Est en Ouest, de l'exilé à celui que je vais devoir réinventer, de mon hiver à mon été.  Pourquoi "double jeu" ? Parcequ'en même temps que le point final donné à Nozexil, j'ai enfin écrit les points de suspension de Nos Chemins http://noschemins.canalblog.com...

J'ai sans doute raté mon hiver à Perth. Ou peut-être pas. Le recul, les autres me le diront sûrement un jour. Mais une chose est sûre, je refuse de rater mon été à Sydney.

Peu m'importe tu vois...

28 septembre 2009

Septembre en attendant, J + 6 mois et quelques

Non, je n'ai pas réussi à pondre quelquechose sur mes 6 mois d'exil, un pseudo bilan de mi-parcours malgré plusieurs tentatives. Je n'arrive plus à écrire en ce moment, à peine à lire, et je ne me force plus à parler. Je suis d'un calme presque plat. Oui, me recréer un quotidien, une routine si loin, était un de me défi. Mais j'en suis déjà lassé. A quoi sert-il de s'affranchir si on reste sur place ? Car au-delà de l'exilé, je suis un affranchi occidental. C'est tout ce que j'ai maintenant et je le clame avec délectation. Comment ai-je pu penser avec tristesse n'avoir rien quand l'idée des possiblités qui me sont offertes pour la suite me rendent si euphorique ? Comment puis-je, certains soirs, crever l'amour alors que ne pas me lier les mains me permet d'être libre comme le vent ? Aujourd'hui, le printemps a enfin fait une belle démonstration de chaleur et d'ensoleillement. Quel bien être. Je resterai toujours surpris de voir à quel point la lumière fait revivre les gens. Observer ça autour de la Swan rivière, en compagnie des pellicans, mouettes et darters aujourd'hui fut un délice. Je me suis dit que l'hédonisme - qui reste le contraire de ce qui me touche - réel des australiens tenait à ça. Pourtant. Pourtant, en Andalousie, où le soleil brille au moins 8 mois sur 12, le romantisme - que j'aime éperdument - est légion. Peut-être est-il puisé dans l'histoire d'écorchée de la région. Prise et reprise, convoitée, aimée et haie. L'Australie n'a pas cette histoire. Et elle cumule, de mon avis, les défauts des jeunes pays. Comme je l'ai dit à beaucoup, je me laisse la réserve de tomber amoureux, au moins un petit peu, de Sydney avant de conclure personellement sur ma première terre d'exil. Je pourrai alors, à la place de parler de l'effroi ressenti de se faire demander son passeport et de se faire prendre en photo pour rentrer dans un bar ici, écrire sur ce que j'ai appris pendant mon hiver à Perth. Je comprends un peu plus ma quête, ma perte parfois. Je pourrai dire, plutôt que de dénigrer le chauvinisme fort et mal placé des australiens, que j'ai compris que c'est l'individualisme poussé de nos sociétés qui m'a foutu dedans. L'individualsime poussé, extrème, celui qui mène à la non-appartenance totale à une communauté (même si j'en touche souvent du doigt certaines), sans modèle, et qui m'a permis de devenir l'affranchi occidental que je suis, empêcherai selon certain la construction de soi. CQFD. La dévalorisation de soi, passée ou actuelle, permettrait selon d'autres de pouvoir se donner pour une cause ou de l'envisager. CQFD. Je comprends un peu mieux le paradoxe qui m'anime et m'éteind. Mais comprendre ne guérit pas. Je men fout après tout. Je veux rester malade de liberté, malade de quête et de chemins. Je veux continuer à avoir mal aux autres, à moi-même, haïr mon égo et m'en servir aussi. Essayer de m'améliorer sans y parvenir, rêver et râter le présent. Etre bien là où j'avais peur d'aller et vomir les places que je convoitais. Car je trouverai bien une raison d'être en tout ça. Et à ceux que j'aime et aux autres aussi, je me permet un conseil bref mais que je ne peux garder au fond de moi plus longtemps et dont j'ai peut-être - je dis bien peut-être - la légitimité du crachat : Partez ! Allez découvrir le monde et vous-même, partez, partez...

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So here I am...

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17 août 2009

Qui m'aime me fuit, J + 148

Mon dernier article n'était pas censé puer le négativisme. Juste sentir un peu l'imperfection du présent mêlée à une certaine nostalgie douce, avec une pincée de mélancolie acide. Ce sentiment unique et, peut-être paradoxalement je ne sais pas, aimé, ne me quittera jamais. Les portugais l'appellent la Saudade, qui est, par légende, indéfinissable et intraductible. Je suis aussi parti, encore une fois mea culpa - ah ! que j'aime me mettre à nu ! -, pour enfin savoir ce que c'était d'être étranger, sentir un ersatz de douleur du déracinement et du manque des autres, des acrobates, vivre sans repères, même si je me suis sécurisé en partant en homme riche dans un pays riche. Quand d'autres, dans les coins chtis de chez Mister Prim1, vivent seulement dans l'espoir, un jour peut-être, d'avoir une patrie, l'asile, moi j'ai souhaité m'en défaire, juste pour voir, tel un bobo, un exilé occidental. Ah ! Que j'aime me mettre en scène !

Ce mois-ci, je me suis laissé complètement porté par l'égocentrisme de l'introspection. Je n'ai pas écrit ici de peur que ça sente mauvais, justement. J'en retire beaucoup de choses. Ce n'est pas finit. Mais le mois prochain, ce sera le tour des autres. Mon exil est aussi mon tube à essai. Le mois prochain, je passerai de cleaner pensif à réceptionniste souriant dans mes deux boulots. Promotion oblige, changement de cap qui tombe pile. Le mois prochain, je serai là et ailleurs, près d'eux et loin de moi. Si j'y arrive.

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Ca pique

25 juillet 2009

Allo maman bobo / Maldon, J + 125

Comme je ne fais plus l'amour, je fais la poussière. Je lave, j'éponge, je récure, je frotte, je balaie. Debout, à genoux, à quatre pattes. Je suis "cleaner", femme de ménage,  dans des endroits où les autres, eux, s'adonnent souvent aux plaisirs de la chair. L'ironie de la vie ne me surprend même plus. J'essuie, je dilue, j'aspire, j'arrose, je fais mousser. Je suis nettoyeur sept jours sur sept à Perth. Et cette nouvelle fonction est bien évidemment porteuse de sens. Un sens fort dans mon exil. Je racle, je refais, je replis, je remplace, je remplis. Et je me dis, car la pensée et la réflexion sont reines dans ce travail solitaire, que l'amélioration tant recherchée est dure, trop dure sûrement à atteindre. J'en suis si loin au bout de 4 mois d'exil. Je me déçois parfois, dans mon égoïsme et mon manque de courage. Et d'autres fois je suis déçu de coïncidences qui n'arrivent pas, de chance qui m'abandonne souvent. Lier le concret de mon quotidien de nettoyeur à l'abstrait objectif de mon exil me semble alors couler de source. Encore un nouveau départ en perspective. Il faut encore et encore que je trouve une nouvelle vision de mon exil, d'autres voies pour m'améliorer. J'essaie de comprendre le "profit" dont on me parle tant, qu'on me conseille. Je commence à comprendre, d'ailleurs. Je profite de mon exil certes, qui est une épreuve, souvent douce, parfois dure. Mais je ne veux pas que mes acrobates se méprennent. Je ne profite que peu, dans mon ménage intérieur actuel, de l'Australie. Je vois les golden bretons servis de belles choses, de requins-baleines, de coïncidences, de synchronicité qui les amènent à découvrir ce pays. Moi je ne suis pas assez ouvert à lui que je n'avais choisi, mea culpa, uniquement pour l'éloignement extrême qu'il procurait. Je comprends tout cela maintenant et je laisse chacun à ses chemins sans plus m'y perdre en prenant le mien, celui décidé depuis le début. Celui qui me dit que qu'importe l'endroit, pourvu qu'on ait l'exil. Celui qui me relie à ce qui me manquait à Paris, à ce qui m'a poussé à partir loin et seul. Se nettoyer, c'est aussi cesser de se comparer aux autres. Me nettoyer va donc me soulager, à la même puissance que je soulage tout ce que j'épure de leurs parasites. En même temps, je lance mes grappins sur une tentative d'intégration à Perth. Car, et mon footing nocturne (premier depuis que je suis arraché des mardis avec Miss Isa), ma promenade à South Perth, Heirisson Island, le soleil doux et autres plaisirs m'en donnent en plus envie, je passerai l'hiver à Perth, ma machine à laver citadine. Je me dois donc de la respecter et de m'y intéresser. Je n'ai pas assez de recul pour écrire juste, plus souvent et transformer mes brouillons cérébraux. Pourtant chaque article sur ce blog transparent provoque en moi, sinon un accouchement, au moins des contractions.

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Wiped out by wipping

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5 juillet 2009

Reste encore, J + 105

Il est temps de quitter "ma" caravane, la famille M., les moutons, Chidlow et la banlieue lointaine campagnarde de Perth. Après 4 semaines de travail plus que léger, de pluie forte empêchant l'avancement des travaux, de manque de rentabilité (donc) pour mes hôtes, je dois me rendre à mon exil. C'est sûrement beaucoup mieux comme ça. Mais 4 semaines donnent des habitudes qui, quand elles sont bonnes, sont difficiles à quitter pour l'inconnu, encore. Mon intimité retrouvée dans ma caravane, le rythme de vie "dolce vita", pour ne pas dire 6ème âge, les bons repas "en famille", les nuits étriquées dans mon petit lit mais de sommeil si bon et profond, sans cauchemar ou presque. J'ai même réussi à faire un rêve lucide en le souhaitant avant de dormir, c'était déroutant... Ces 4 semaines ont eu une ligne générale, bien sûr, une nouvelle valeur pour l'exilé. J'ai eu du mal à la voir de suite et c'est pour cela que je n'osais pas écrire de nouveau post. Mais elle était si évidente : la faim. Dans tous ses sens. Concret d'abord avec la (re?)découverte d'un véritable appétit de gourmet. Et puis la faim de savoir. Les discussions avec M. et S., de Perpignan,  sur tout. La redécouverte que oui, tout est possible dans la vie en jouant d'un peu de curiosité et d'intérêt pour les choses et les gens. Qu'on peut avoir plusieurs vies dans une vie et que c'est bien mon intention. La faim par curiosité, la faim d'aller plus loin. Et, puisque L'Iconoclaste Amélie Nothomb en a fait un concept, prouvant que la faim pouvait être éthique et pas seulement une envie, je la porte en valeur délectable de Chidlow. Mon bus passe demain pas très loin de la propriété inachevée des M. Il va à Midland  où je prendrai le train pour la ville, la suite, à Perth. Ayant trouvé quelques petits plans de femme de ménage, je vais pouvoir m'installer un peu et redevenir avec plaisir le citadin pépins. J'ai déjà décidé de continuer dans mes leçons intenses et de m'isoler parmi la foule pendant quelques temps. Passer l'hiver en hibernant éveillé à Perth. Pourtant je sais très bien, hélas, que les décisions sont souvent prises pour être ébranlées. Mais, au bout de trois mois, j'ai vraiment besoin d'un bon en amélioration. J'avais choisi l'exil en solo aussi pour cela, pour pouvoir me consacrer à corps et esprit perdus à  combler un tant soit peu mes lacunes. Le quotidien parisien ne le permet pas, et les mails des acros me le prouve si besoin en était. Je ne suis même pas peiné que les moutons ne me susurrent pas "reste encore un peu" tant l'idée de devenir citadin associable mais affamé de Perth me convient.

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The way you make me feel...

20 juin 2009

Caravane, J + 90

Dans ma caravane, je me régénère, si régénération il faut ou eut fallu. A Chidlow, avec la famille M., quelques 40 minutes en voiture de Perth. Un peu de maçonnerie - rythme "DDE" - fait le change avec les repas et une chambre sur roue pour moi seul. Je retrouve mon intimité. Mister M. est américain et, tombé en amour pour les maisons de Santa Fe, Nouveau Mexique, a accepté de vivre dans le pays de sa femme australienne sous condition d'avoir sa maison en adobe, son Hacienda, ces maisons originaires des Pueblos qui feraient mouche sur la planète Tatooine des films Star Wars. Moi j'observe ça de loin, je m'intéresse à leur vie, à celles des autres volontaires, couple de français de Perpignan, j'ai tout à coup retrouvé ma faim de loup de connaissance. Même faim qui met mon cerveau en ébullition et me reconfronte au manque de temps. On a rien sans rien. "Santa Fe" à Chidlow ressemble à première vue à une propriété de campagne française. C'est ce qu'on pense en regardant les arbres, la plaine au loin et les moutons. Et puis trois perruches d'un vert éclatant se montrent, un Gala "pink" les suis, je vérifie l'intérieur de mes gants de travail au cas où s'y cacherait une "red back spider" (une veuve noire qui vous transporte directement à l'hôpital si dérangée), j'ai un renvoi de beurre de cacahouète et me rejoui du soleil présent alors que nous sommes au début de l'hiver. Je suis donc bien en Australie. Et si bien chez les M.'s. Je peux poursuivre mes envies d'amélioration sans angoisse. Dans ma caravane, je profite de ma régénération, si profit il y a déjà eut. Ah, le profit. Profiter. La conclusion hâtive de l'écoute ou le souhait à faire à l'exilé en cas de manque d'inspiration. L'intention est bonne et louable bien sûr mais si loin de tout ce à quoi je ne sers pas. Je pense à vous dans ma caravane, j'attends presque qu'on frappe à ma porte, qu'un acrobate vienne couper la machine régénératrice. Qu'il ou elle me télétransporte au pays dont je n'ai pourtant pas encore le mal, juste pour voir ce que j'y rate : La magie de Wajdi Mouawad au festival d'Avignon, la marche "Paris - Solférino" pour les 150 ans de la Croix-Rouge, la rousse qui chante La chanson de (une partie?) toute ma vie. Et peut-être enfin la retraite de Michel Druker. A quoi je sers...

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...sans doute à rien du tout, à présent je peux [...]

7 juin 2009

J'étais là, J + 78

Parcequ'ils savent mieux que moi mettre en valeur le road trip de par ces paysages, parcequ'ils savent faire de superbes vidéos/photos, parcequ'ils étaient là, parceque j'étais là.

Voilà les deux vidéos d'Alan et Céline sur notre road trip. Bien loin des complaintes du backpacker automate que je suis.


Alice Springs
Uploaded by alanceline. - Discover new destinations and travel videos.

http://www.dailymotion.com/video/x9hhk3_kings-canyon-croco_travel

Ca s'appelle la subjectivité et c'est bon. Alors en plus de ça, je met aussi le lien sur leur écrit, plus objectif sûrement. Leur blog.

http://celinalan.unblog.fr

Parceque je reste un backpacker automate à Perth, j'ajoute dans cet article ma complainte. Celle de n'être qu'"un" backpacker justement (littéralement "sac à dos", dénomination stricte du voyageur en australie). Et donc moins l'exilé que je prétendais pouvoir devenir. Parfois je douterai presque de la viabilité de ce blog en tant que nozexil tant nous sommes nombreux, backpackers automates, à l'affut du travail, à l'affut des tomates les moins chères, essuyant l'antipathie des locaux pour qui nous sommes souvent les meilleurs ennemis. Meilleurs en porte-monnaie, ennemis en parasites. Je pensais que peu importait la ville, le principal était qu'on ait l'exil. Je devrai peut-être considérer mon exil au délà des frontières australiennes alors. Je vais essayer de faire ça, je vais encore essayer de me confronter à mes démons, de courir, de partir, d'aller de fermes en fermes, de recherches en déceptions, de questions en découvertes, de ne plus savoir où aller, de me sentir à ma place, de me perdre. Tout va vite et mon panier se perce. Je me fatigue. Parfois.

26 mai 2009

Il n'y a pas d'ailleurs, J + 64 ( 1/2 )

P1070706Quand le pélerin faisait 2500 km à pieds par lui-même en 3 mois, les golden bretons accompagnés du golden british donne à l'exilé l'aubaine de se faire transporter sur + de 4000 en 13 jours, en voiture, en "station wagon", sorte de "break" amélioré. Un road trip dans tout le Territoire du Nord, le Northern Territory, du Nord au Sud. Le kilométrage important n'est pas le seul sujet de rapprochement entre nos chemins et nozexil. Les paysages désertiques ou les désertiques routes vertes n'étaient pas sans me rappeler la meseta espagnole ou le maquis portuguais. Mais dans le "Nature Territory" comme on le surnomme à juste titre, tout est toujours plus démesuré. Les routes sont plus longues, les oiseaux deviennent rapaces, émeus (autruche australienne) ou plus colorés, les lézards sont crocodiles quand on pratqiue le canöé (expérience unique et déconcertante de s'en approcher de si près) dans les gorges de Katherine, les rochers font des kilomètres de long à Ayers Rocks, le sable est plus rouge, plus dense, plus fin, presque poussière. Les camions sont plus longs, appelés "road train", train de la route, les villages et villes traversées portent les stigmates de la vie dans le désert. Tout est "plus" et je comprend que les australiens s'amusent à comparer "nos" campagnes à un jardin d'extérieur. Tout est "plus" sauf l'eau, si rare. A des années lumières de mes 3 objectifs disculpatoires, presque trop loin d'une tentative d'amélioration, l'insouciance presque dérangeante a été de mise pendant ces 13 jours. J'aurai même préféré que ce road trip arrive plutôt en consolation d'une épreuve tant il fut doux.  Je n'aime pas la douceur en prélude d'épreuves à venir, je préfère qu'elle panse. "Anyway"... Les paysages furent à couper le souffle, bien sûr, c'était à prévoir.

Mêm100_4379e si je n'ai pas besoin de falaises vertigineuses ni de désert pour me sentir grain de sable, sensation que je connais bien, elle prend une autre dimension au "King's Canyon", plus agréable, moins dévalorisante. On est petit en haut des falaises vertigineuses mais on est là, comme un frisson au milieu de tout ce nulle part, parmi 200 000 habitants dans une superficie de 5 fois la France. Loin des jeunes backpackers exaspérants des auberge, plus proches des couples de retraités, les 13 nuits de camping furent aussi colorées d'insouciance. De Cairns à Alice Springs, d'Alice Springs à Darwin, c'était déroutant, aussi, de passer par des climats différents, des nuits glacées du désert à la chaleur étouffante du bord de mer. Les nuits à 4, golden team car, en 13 jours, je n'ai connu que la confiance avec eux, valeur qui est d'ailleurs revenue souvent dans ce road trip.  Les discussions sur le ciel, la planète, notre petite condition autours du feu, le partage de tout, très appliqué, matériel et immatériel, pas même l'ombre d'un conflit, ce qui est rare, même entre amis, parfois. Les 13 jours de routes furent propices à tant de reflexion, de lecture, de connaissance, de repos. J'ai d'ailleurs toujours aimé l'état d'autiste dans lequel me plonge le voyage en voiture ou en train.

P1070862La Confiance donc en valeur prédominante de ce road trip, de mon point de vue égocentrique, de mon point de vue d'exilé. Car face à L'Uluru, ce rocher si connu "overseas", si touristique ET si ancestral, mon article aurait pu être tout autre. C'est sa deuxième partie, à lire en-dessous de ce post, un peu plus tard aussi peut-être. Je voulais m'abstenir de tout commentaire hatif de petit touriste sur les aborigènes. Tant pis, je ne m'abstiendrai pas.

26 mai 2009

Il n'y a pas d'ailleurs, J + 64 ( 2/2 )

SDC1050713 jours dans le territoire de la nature, à découvrir de route en route sa richesse "marsupiale", entre les possums et les wallabis vu de si près, les dromadaires, les oiseaux, quelques reptiles à l'état sauvage. Les insectes, qui nous ont montré, aussi, agressivement, qu'ils sont chez eux. J'étais si proche de mes aspirations d'enfant, quand je me sentais plus concerné par la détresse animale, trop insouciant / confiant - encore une fois ce rappel - que par la détresse humaine. Mais le Northern Territory est aussi, plus qu'ailleurs certainement en Australie, le territoire déchu des aborigènes. En touriste mal informé, je savais quelques belles notions de l'Australie : Le capitalisme social d'avant les années 1970, l'hédonisme omniprésent de ces nouveaux anglais qui désiraient autre chose. Mais je ne savais que la blanche partie des choses. M'attendant à connaître des aborigènes que la partie artistique, voire folklorique. Quel idiot. Le road trip dans le territoire du Nord m'a tristement appris. En face de l'Uluru, si imposant, ou au milieu du King's Canyon, les cris de détresse des aborigènes sont presque audible. Bien sûr que je savais les massacres, j'avais lu l'ignorance et cinéconnu les "générations volées". Mais je les mettais sur le compte du passé colonialiste ignard et cruel. Je ne m'attendais pas à la réalité actuelle des choses. Le métissage n'a pas (encore assez) eu lieu. Le "keep australia white"  (laissons l'australie blanche) aboli qu'en 1973 a laissé des traces visibles plus que jamais encore aujourd'hui. En voyant cette femme aborigènes à l'avant d'un taxi commandant beaucoup (trop) d'alcool dans un "drive" à Mount Isa, je pense aux ravages de l'apport de l'alcool de l'occident chez de nombreux indigènes. Cette femme que je décrivais de "sans le sou et titubante" qui m'avais offert un moment d'émotion à Rockhampton était une aborigène. Mais je ne le savais pas. Je ne savais pas encore le voir... A Darwin, la façon dont a été traité une aborigène mendiant quelques sous dans un restaurant m'a douloureusement rappelé le traitement des habitués des maraudes Croix Rouge de Paris. Voilà à quoi sont réduit aujourd'hui la plupart des 455 000 indigènes australiens qui arborent des visages trop souvent fermés et des corps parfois déformés par la malbouffe dont il n'étaient pas habitués. On ne peut même pas parler d'intégration pourrie. Il faudrait parler d'extégartion, de "ré"intégration ? Même si l'obstacle de ce que je suis, si rien et inconnu face à tout ça, ne me le permet pas, je ne peux pas m'empêcher de ressasser, depuis quelques jours, "Il étaient là avant". J'ai si honte maintenant d'avoir douter de trouver quelconque mélancolie occidentale dans ce pays que je considérais de trop hédoniste avec ses surfers, ses hippies et ses voyageurs. Quel imbécile. A la place, je trouve de la souffrance, de la détresse, la misère, l'injustice.

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Et pourtant. Une phrase d'une pièce de théâtre sur les détenus d'un camp de concentration, prononcée par le personnage d'une juive italienne, que j'avais vu avec Le Chat, m'a toujours laissé coi. Elle disait "ce que vous ne comprendrai jamais c'est qu'il n'y a ni bourreau ni victime". Je n'ai toujours pas saisi tout du sens de ces mots durs mais il y a sûrement un rapport ici aussi. Mais je ne peux m'empêcher de chercher sur les actions de la Croix Rouge australienne. Pas l'ombre d'une maraude pour le moment. Reste à aimer les "shops" red cross, sorte de vestiaire géants pour aider les plus démunis. Reste à se documenter à fond, aimer les beaux symboles, comme l'Aussie Rules Flag, drapeau revendicatif qui remplace l'Union Jack monarchiste anglais par le drapeau aborigène, hissé pour la première fois en 1972 par un groupe d'aborigènes à Canberra, pour dénoncer le sensation de ne pas être chez eux dans leur propre pays. Pour crier l'arrêt de la société à deux niveaux qui n'a connu que 2 aborigènes députés australiens en 110 ans. Reste à aimer les belles avancées politiques, pour la plupart venant du camp des travaillistes, souvent pleinement acceptées par référendum populaire, qui redonne la terre et un peu de dignité aux déchus. Reste à écouter, redécouvrir vraiment "Midnight Oil" et son chanteur militant Peter Gardett. Reste à voir avec émotion pathétique stockmens (cowboys australiens) et aborigène se retrouver dans le même Fast Food. Reste à apprécier la dignité rendue par l'intérêt touristique sur la culture ancestrale, même si l'hypocrisie et la manipulation doit être au coin de la rue. Reste à entendre, voir Archie Road, Jimmy Chi et tous les artistes aborigènes. De tous ces génies qui tendent à remplacer la consternation, la colère et la rebellion par l'espoir. Je ne m'attendais pas à cette autre face du road trip, si paradoxalement et tristement loin de mon sentiment agréable de confiance personnel.

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L'"Aussie Rules Flag", le drapeau aborigène ("nous, noirs, sur la terre rouge sous le soleil") aux côtés des étoiles australiennes (visibles les soirs de beau temps dans le ciel Down Under), Union Jack monarchiste out.

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L'Exil, N Oz Exil
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L'Exil, N Oz Exil
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