You'll see...
Quand j'étais un causasien accepté à Singapore, un frenchy en Australie, je fut un farang stupide à Bangkok, j'ai été un gaijin - intru- au Japon et même sûrement un enculé de western guy à Pekin dont je n'ai vu que l'aérport. Contrairement à mes attentes, l'inspiration ne m'est pas venu à Bangkok, que ce soit dans l'écriture ou même dans mon chemin de vie. Je me suis laissé vivre dans la capitale thaïlandaise. Il était trop difficile de se débarrasser de la culpabilité - fausse ou vraie compassion, je ne sais pas, je n'ai plus d'estime de mes ressentiments - d'être un farang justement, un occidental dans un pays "du Sud". On ne choisit pas vraiment toujours où on va, même quand on en arrive à un point d'émancipation comme le mien. Le globtrotting a ses limites aussi. Concrètement car le 11 septembre a sûrement tué toute forme d'improvistion dans les voyages grande distance (il faut savoir quand et où on part avant même d'arriver) et l'égoïsme omniprésent du voyageur le limite spirituellement. Alors l'inspiration a attendu. Je me suis perdu en chemin, forcément. Et puis c'est revenu, un peu, la culture appelle la culture, comme m'avait écrit sur une copie d'Histoire une prof de lycée éclairée. Et surtout, je...
- Et la loose appelle la loose !
Tiens, je connais cette voix...
(http://noschemins.canalblog.com/archives/chemin_faisant/index.html)
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Mais enfin, c'est quoi ça ! C'est quoi ces moments, c'est quoi cet état de ces dernières semaines ! Quelle honte, quelle honte ! Quelle déception !
- Ta gueule. Je n'ai pas envie là, pas envie. Je sais tout ça. Je sais que je me suis manqué un peu trop et que je n'ai pas assez cherché. Mais, ...
- Pas assez cherché ? Mais tu as abandoné ! J'étais à deux doigts de te haïr, j'ai passé ces derniers jours les yeux bandés tant je voulais éviter de partir loin de toi, tu peux me remercier d'avoir pris la peine - car j'en ai pour toi - de revenir.
- ...
- Mais putain tu avais un an, UN AN ! Un an pour t'améliorer, un an pour comprendre, un an ! Il y a des gens qui t'attendent là-bas, qui attendent des réponses, des actes ! Toi tu en es où ? Tu as rempli au rabais tes objectifs, tu t'es remis à ne plus vouloir te lever le matin, à rester sur tes mêmes faiblesses, tes mêmes reflexes !
- Tu ne m'as pas beaucoup aidé.
- Je t'ai mis sur le chemin de tes rêves d'adolescent râté enfin ! Le Japon bien sûr. Mais tu as la mémoire courte. Quand, dans tes 16 ans morbides, tu pensais que l'herbe était plus verte ailleurs, tu n'as pas eu que des envies japonisantes. L'Australie, Sydney faisait aussi parti de tes "plans", la Californie aussi, de par l'éloignement, de par ton seul lien à une vie sociale rêvée : les feuilletons télévisés...
- C'est vrai, c'est vrai, je ne m'en souvenais plus... Je ne m'en souvenais plus... Alors, tu avais déjà tout tracé. Mon libre arbitre est peu de chose...
- Détrompe-toi. La preuve : Il y a eu des lueurs mais tu n'as pas suivi. Tant pis pour toi ! Mais combien de temps, de semaines, de mois gâchés, hein, combien de ressources utilisées pour ce piètre résultat, si on peut même envisager d'y voir un quelconque résultat !
- J'aurai pu tout saisir, j'aurai pu aller plus loin et tu sais bien comment. Pourquoi m'avoir fait encore apprendre l'humilité amoureuse, la dévalorisation et le masochisme. Pourquoi ? Pourquoi si tu voulais que je m'améliore ?
- A ton avis ?
- Pour que je dépasse tout ça certainement. Mais c'est trop dur. J'ai presque envie de te dire au revoir à jamais. Mais...
- Mais ?
- Tu n'as rien remarqué ?
- J'en ai trop vu surtout.
- Je me suis laissé repousser la moustache.
- Quoi ! ? En quel honneur ?
- De la rédemption. J'ai passé 15 jours rédemptoirs à me traîner dans la boue d'une rizière sur une petit île du Japon. J'ai ressenti à nouveau le bonheur d'un bain chaud, du travail physique et du bon repas qui s'en suit... J'ai essayé à nouveau d'écouter les autres avant d'avoir envie de parler. J'étais homme, aussi. J'étais toi, celui-là, tu n'avais pas les yeux bandés, tu étais juste en moi ces 15 derniers jours. C'est ce que je voulais te dire depuis le début. Je n'ai pas abondonné. Je retrouve, jour après jour, mon chemin. Je pensais que tu étais revenu pour ça, pour m'encourager.
- ...
- Tu es revenu pourquoi alors ? Pour me prévenir ? Je me suis fait violence tout seul. Ne soit pas trop rude avec moi, je le suis déjà bien assez.
- Ok, tu m'as bien eu, bravo. Dernier repis.
- Et j'imagine que je vais devoir publier ça sur mon blog à l'agonie depuis mon hiver à Perth ?
- Un jour d'il y a 3 ans tu avais décidé de te mettre vraiment à nu face aux autres pour en faire l'expérience. Car quand on doute de tout tout le temps, l'impudeur est presque une logique. En ces moments lointains, je te trouvais au moins intéressant...