Allo maman bobo / Maldon, J + 125
Comme je ne fais plus l'amour, je fais la poussière. Je lave, j'éponge, je récure, je frotte, je balaie. Debout, à genoux, à quatre pattes. Je suis "cleaner", femme de ménage, dans des endroits où les autres, eux, s'adonnent souvent aux plaisirs de la chair. L'ironie de la vie ne me surprend même plus. J'essuie, je dilue, j'aspire, j'arrose, je fais mousser. Je suis nettoyeur sept jours sur sept à Perth. Et cette nouvelle fonction est bien évidemment porteuse de sens. Un sens fort dans mon exil. Je racle, je refais, je replis, je remplace, je remplis. Et je me dis, car la pensée et la réflexion sont reines dans ce travail solitaire, que l'amélioration tant recherchée est dure, trop dure sûrement à atteindre. J'en suis si loin au bout de 4 mois d'exil. Je me déçois parfois, dans mon égoïsme et mon manque de courage. Et d'autres fois je suis déçu de coïncidences qui n'arrivent pas, de chance qui m'abandonne souvent. Lier le concret de mon quotidien de nettoyeur à l'abstrait objectif de mon exil me semble alors couler de source. Encore un nouveau départ en perspective. Il faut encore et encore que je trouve une nouvelle vision de mon exil, d'autres voies pour m'améliorer. J'essaie de comprendre le "profit" dont on me parle tant, qu'on me conseille. Je commence à comprendre, d'ailleurs. Je profite de mon exil certes, qui est une épreuve, souvent douce, parfois dure. Mais je ne veux pas que mes acrobates se méprennent. Je ne profite que peu, dans mon ménage intérieur actuel, de l'Australie. Je vois les golden bretons servis de belles choses, de requins-baleines, de coïncidences, de synchronicité qui les amènent à découvrir ce pays. Moi je ne suis pas assez ouvert à lui que je n'avais choisi, mea culpa, uniquement pour l'éloignement extrême qu'il procurait. Je comprends tout cela maintenant et je laisse chacun à ses chemins sans plus m'y perdre en prenant le mien, celui décidé depuis le début. Celui qui me dit que qu'importe l'endroit, pourvu qu'on ait l'exil. Celui qui me relie à ce qui me manquait à Paris, à ce qui m'a poussé à partir loin et seul. Se nettoyer, c'est aussi cesser de se comparer aux autres. Me nettoyer va donc me soulager, à la même puissance que je soulage tout ce que j'épure de leurs parasites. En même temps, je lance mes grappins sur une tentative d'intégration à Perth. Car, et mon footing nocturne (premier depuis que je suis arraché des mardis avec Miss Isa), ma promenade à South Perth, Heirisson Island, le soleil doux et autres plaisirs m'en donnent en plus envie, je passerai l'hiver à Perth, ma machine à laver citadine. Je me dois donc de la respecter et de m'y intéresser. Je n'ai pas assez de recul pour écrire juste, plus souvent et transformer mes brouillons cérébraux. Pourtant chaque article sur ce blog transparent provoque en moi, sinon un accouchement, au moins des contractions.
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