Caravane, J + 90
Dans ma caravane, je me régénère, si régénération il faut ou eut fallu. A Chidlow, avec la famille M., quelques 40 minutes en voiture de Perth. Un peu de maçonnerie - rythme "DDE" - fait le change avec les repas et une chambre sur roue pour moi seul. Je retrouve mon intimité. Mister M. est américain et, tombé en amour pour les maisons de Santa Fe, Nouveau Mexique, a accepté de vivre dans le pays de sa femme australienne sous condition d'avoir sa maison en adobe, son Hacienda, ces maisons originaires des Pueblos qui feraient mouche sur la planète Tatooine des films Star Wars. Moi j'observe ça de loin, je m'intéresse à leur vie, à celles des autres volontaires, couple de français de Perpignan, j'ai tout à coup retrouvé ma faim de loup de connaissance. Même faim qui met mon cerveau en ébullition et me reconfronte au manque de temps. On a rien sans rien. "Santa Fe" à Chidlow ressemble à première vue à une propriété de campagne française. C'est ce qu'on pense en regardant les arbres, la plaine au loin et les moutons. Et puis trois perruches d'un vert éclatant se montrent, un Gala "pink" les suis, je vérifie l'intérieur de mes gants de travail au cas où s'y cacherait une "red back spider" (une veuve noire qui vous transporte directement à l'hôpital si dérangée), j'ai un renvoi de beurre de cacahouète et me rejoui du soleil présent alors que nous sommes au début de l'hiver. Je suis donc bien en Australie. Et si bien chez les M.'s. Je peux poursuivre mes envies d'amélioration sans angoisse. Dans ma caravane, je profite de ma régénération, si profit il y a déjà eut. Ah, le profit. Profiter. La conclusion hâtive de l'écoute ou le souhait à faire à l'exilé en cas de manque d'inspiration. L'intention est bonne et louable bien sûr mais si loin de tout ce à quoi je ne sers pas. Je pense à vous dans ma caravane, j'attends presque qu'on frappe à ma porte, qu'un acrobate vienne couper la machine régénératrice. Qu'il ou elle me télétransporte au pays dont je n'ai pourtant pas encore le mal, juste pour voir ce que j'y rate : La magie de Wajdi Mouawad au festival d'Avignon, la marche "Paris - Solférino" pour les 150 ans de la Croix-Rouge, la rousse qui chante La chanson de (une partie?) toute ma vie. Et peut-être enfin la retraite de Michel Druker. A quoi je sers...
...sans doute à rien du tout, à présent je peux [...]